l’aide précieuse de la Maison des aidants de Bergerac

Au quotidien, accompagner un proche malade ou handicapé peut comporter des risques en matière de santé. Quels sont-ils? Des solutions existent-elles? Eléments de réponse avec Pascal Jannot, président de La Maison des Aidants.

Pascal Jannot, président fondateur de la Maison des aidants à Bergerac, a déjà un long passé professionnel dans le service aux personnes âgées, un petit monde dont l’importance croît à mesure que la population vieillit. Il est également très connu dans toute l’Aquitaine. Propriétaire et gestionnaire d’une maison de retraite indépendante à Bergerac de 1991 à 2005, il a en effet été très actif au sein du syndicat professionnel de ce secteur (le Synerpa), dont il a été le président régional.

Il y a constaté que le vœu le plus cher de tous ces résidents était de rester le plus longtemps chez eux.

« Quand j’étais directeur de maison de retraite, j’avais souvent la visite des enfants qui venaient pour prendre contact, mais ils n’étaient pas prêts à franchir le pas, et la personne âgée, le plus souvent, ne voulait pas partir de chez elle », se souvient-il.

L’admission en maison de retraite « n’est pas préparée », elle a souvent lieu quand il y a eu un premier accident de santé et que la personne âgée a été hospitalisée, c’est-à-dire dans les plus mauvaises conditions.

« Stress ou burn-out »

Les enfants qui font le choix de garder une personne âgée à domicile n’y sont pas davantage préparés, contrairement à autrefois dans les campagnes du Sud-Ouest, a-t-il observé, « à l’époque où trois générations cohabitaient sous un même toit, avec le grand père ou la grand mère qui passait la soirée dans le cantou ». Ils s’imposent une responsabilité trop lourde, « qui les conduit au stress ou au burn-out ».

D’où l’idée de la Maison des aidants, créée à Bergerac sous forme d’association, puis de site Internet (1) et de centre de formation pour accueillir les aidants et les former à cette tâche délicate et souvent usante, aussi bien psychologiquement que physiquement.

« Notre formule clé, c’est qu’il faut accepter d’être aidé pour mieux aider les autres », explique Pascal Jannot, qui a remarqué qu’une formation aux gestes essentiels des soins – du « care », comme on le dit désormais – peut éviter bien des désillusions. « Quand j’étais directeur de maison de retraite, les familles qui avaient décidé de maintenir à domicile un parent âgé ou dépendant revenaient me voir au bout de quatre à cinq ans en me disant qu’ils n’en pouvaient plus, qu’ils ne le supportaient plus. »

Des situations extrêmes, « chargées de culpabilité », qui pourraient parfois être évitées si l’on apprenait à prendre du répit, à savoir déléguer au personnel que les collectivités peuvent mettre à la disposition des personnes âgées dépendantes. Un personnel qui, souvent, n’est guère mieux formé aux gestes nécessaires des aidants et à qui Pascal Jannot propose aussi une initiation de un à quelques jours.

8,3 millions d’aidants

Selon une étude qui date de 2008, les aidants familiaux sont environ 8,3 millions, qui s’occupent soit d’un parent âgé, soit d’un enfant handicapé. Ceux qui s’occupent d’une personne âgée sont plus de 3,8 millions, estime Pascal Jannot, et la Journée des aidants familiaux, créée en 2010 par Nora Berra, alors secrétaire d’État chargée des Aînés, sera reconduite cette année le 6 octobre sous le patronage de Michèle Delaunay, ministre des Personnes âgées.

Selon Pascal Jannot, c’est l’explosion du nombre des cas de maladie d’Alzheimer chez des personnes de plus en plus jeunes qui a fait prendre conscience de la charge que supportent les aidants familiaux : « 900 000 cas recensés en France, cela fait plus de 1 million d’aidants qui ne passent plus inaperçus, comme c’était le cas pour ceux qui s’occupaient d’un proche dépendant. »

C’est aussi une raison de plus pour justifier l’intérêt de sa démarche. « Nous sommes le seul centre de formation privé qui donne des conseils gratuits sur place et en ligne aux aidants. Nous sommes financés par les plans de formation que nous assurons pour le milieu sociomédical et les entreprises, qui ont de plus en plus d’aidants familiaux parmi leurs salariés. »

http://www.sudouest.fr/2013/09/16/etre-aide-pour-aider-les-autres-1169843-1733.php

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