En 2009, près dun Français sur trois (32%) déclare avoir dans son entourage proche une personne âgée dépendante, en perte dautonomie physique ou psychique. Il sagit, pour 21% des Français, dun parent proche (père, mère, grands-parents ou arrière grands-parents). Et cest une réalité que connaîtra demain une part croissante de la population française. Le vieillissement de la population est un bouleversement de la société qui ne fait que commencer. En 60 ans, le nombre des Français âgés de 75 ans et plus a été multiplié par cinq. On dénombre aujourdhui près dun demi million dindividus âgés de 90 ans et plus. En 2040 on comptera environ 1,2 millions de personnes âgées dépendantes, soit une progression de 43% par rapport à 2000.
Près de trois Français sur quatre (71%) jugent quà lheure actuelle la prise en charge des personnes âgées par les pouvoirs publics en France nest pas satisfaisante. Cest une opinion qui ne cesse de progresser depuis 2004 (+ 16 points en cinq ans et + 3 points en deux ans). Par ailleurs, la critique est de plus en plus sévère : en 2004, moins dun Français sur cinq (14%) sanctionnait très durement laction des pouvoirs publics (« pas du tout satisfaisante »). En 2009, 22% dénoncent un grave déficit de politique publique.Ce déficit de politique publique est aggravé dun déficit de prise de parole. Déjà dénoncé par deux tiers des Français en 2005, il est montré du doigt par près de quatre Français sur cinq en 2009. 78% estiment quon ne parle pas assez des problèmes et de la prise en charge des personnes âgées en France (+ 15 points en 4 ans et + 7 points en deux ans).Si les seniors eux-mêmes sont sur ces deux aspects moins critiques que leurs cadets (60% et 69% de mauvaise opinion), la majorité est constante et considère aujourdhui que lenjeu du grand âge na pas la place quil devrait occuper dans le débat et dans laction publics.La critique de laction publique est dautant plus sévère quelle saccompagne dun sentiment dimpuissance personnelle et pour une majorité dincapacité à faire face au coût de la dépendance. Dépendance : les Français se disent aujourdhui incapables de la prendre en charge Impuissance des familles et incapacité à couvrir le coût de la maison de retraite55% des Français déclarent en effet quils ne se sentiraient pas capables de prendre en charge une personne âgée dépendante de leur entourage, en perte dautonomie physique ou psychique. Un sur quatre (26%) admet même quil nen serait pas du tout capable.Ce sentiment dimpuissance est aggravé par lincapacité déclarée par 76% des répondants à sacquitter du coût moyen mensuel de 2 220 euros pour un hébergement en maison de retraite si un de leurs parents devaient recourir à cette solution.Et si sur ce point les inégalités entre classes économico sociales sont importantes, la très grande difficulté ou lincapacité de couvrir lintégralité de ces frais dhébergement est une réalité dans toutes les catégories de population. Elle est pour ainsi dire la règle parmi les foyers modestes (85%). Elle est moins fréquente dans les familles les plus aisées, mais concerne toujours près de trois Français sur cinq (56%). Le choix dune prise en charge par la solidarité nationale en fonction des ressources de la personne âgée Linégalité des familles françaises face à ces dépenses semble imposer le choix dune majorité relative pour ladoption dun système de financement des dépenses par la solidarité nationale prenant en compte les capacités contributives des personnes. Et concentrant de fait lintervention de lEtat sur les publics les plus modestes. 45% des Français préfèrent en effet à leffort individuel et à la solidarité nationale pour tous, une prise en charge de la dépendance par la solidarité nationale en fonction des ressources de la personne âgée dépendante en augmentant les prélèvements obligatoires.19% restent attachés au principe de la solidarité nationale pour tous. Et, à linverse, un Français sur quatre (24%) fait le choix du seul effort individuel, estimant que la meilleure solution est de laisser à chacun la possibilité de souscrire une assurance qui couvre le moment venu les frais liés à la dépendance.Si les sympathisants de gauche sont un peu plus nombreux à prôner la solidarité nationale pour tous (23%) et les sympathisants de droite plus nombreux à choisir un système de financement individuel du risque (33%), à droite comme à gauche, la majorité relative est constante et fait le choix dune prise en charge par la solidarité nationale en fonction des moyens de la personne âgée dépendante.Les perspectives démographiques françaises imposent la question de la définition et de lorganisation dun système pérenne de financement de la prise en charge de la dépendance, mais elles interrogent plus quotidiennement la capacité des familles à prendre en charge tout ou partie des actes du quotidien que la personne âgée ne peut plus assumer.Confrontés à cette situation les Français font aujourdhui majoritairement le choix contraint de la maison de retraite, et une minorité qui ne cesse de croître devient « aidant », privilégiant la solution du maintien à domicile de la personne âgée. La maison de retraite : une solution contrainte, subie et imparfaite Lhébergement en maison de retraite est en effet le principal hébergement des personnes âgées dépendantes. Elle est pourtant une solution contrainte et subie : quel que soit leur âge les Français partagent la même réticence à son égard. Entre malaise et culpabilité, les plus jeunes y mettent à contrecoeur leurs aînés (79%) ; et les personnes âgées ne souhaitent pas aller en maison de retraite (90% des 75 ans et plus). Une mauvaise image alimentée par la perception dune augmentation des maltraitancesLa maison de retraite cristallise aujourdhui léchec perçu de la prise en charge du grand âge en France. Positive bien quà minima et stable depuis 2003, limage des maisons de retraite a basculé en 2007 : 49% des Français avaient une mauvaise opinion des maisons de retraite, pour 41% de bonne opinion. En 2009, cest une majorité franche (52%) qui dit avoir une mauvaise opinion des maisons de retraite, pour 39% de bonne opinion.Si on constate des écarts de perception entre classes économico-sociales, la majorité exprime toujours une mauvaise opinion de cette solution dhébergement : les classes moyennes supérieures sont les plus critiques (60% de mauvaise opinion), et les classes moyennes inférieures sont plus mesurées (47% de mauvaise opinion pour 45% de bonne opinion).En revanche, les majorités sinversent selon lâge du répondant. Comme en 2007, les plus sévères sont les 35-49 ans, 57% déclarant avoir une mauvaise opinion de maisons de retraite (5 points de plus que la moyenne). A linverse, une très courte majorité relative des 65 ans et plus est positive (43%). Force est de constater que, si limage reste plus positive auprès des seniors quelle ne lest auprès de leurs cadets, elle sest pourtant dégradée. En 2007, 51% des 65 à 74 ans et 50% des 75 ans et plus étaient positifs. En 2009 il sont respectivement 39% et 47%.Enfin, cette opinion restait également toujours un peu meilleure ou un peu moins mauvaise parmi les Français qui déclaraient avoir une personne âgée dépendante dans leur entourage proche : on enregistrait 46% de bonne opinion (contre 41% en moyenne). En 2009 : 39%, soit un recul de 7 points. Autrement dit, le jugement des Français qui font lexpérience quotidienne de la dépendance dans leur entourage rejoint aujourdhui la perception de ceux qui ne la connaissent pas mais la redoutent.La mauvaise image des maisons de retraite en France sancre toujours dans la perception de défaillances graves de cette solution dhébergement : charge financière perçue excessive pour 97% des Français et rappelons-le, de fait inassumable pour 76%, places disponibles insuffisantes pour 88% (+ 2 points par rapport à 2007), et soupçon ou constat de maltraitance pour 40%, soit + 8 points en deux ans (et 57% parmi les Français qui ont une mauvaise image de la maison de retraite). Une progression sans doute pour partie alimentée par la diffusion dimages choquantes et bouleversantes sur ce sujet ces douze derniers mois.
Pour faire face à la maltraitance : la réponse humaine Pour prévenir les situations de maltraitance, les Français ont aujourdhui la conviction que cest de moyens supplémentaires en personnels qualifiés et dune formation adaptée pour tous les personnels dont lesmaisons de retraite ont besoin (respectivement 44% et 34% de citations, 38% et 47% parmi les 65 ans etplus).Viennent ensuite un encadrement renforcé des personnels (27%), la présence dun personnel médical permanent (25%) et un contrôle et une évaluation de la qualité de la prise en charge (23%) pour pallier des taux dencadrement faible et une présence médicale insuffisante.Enfin, la mise en place de structures découte et daccompagnement des personnels et lamélioration des moyens de signalement des maltraitances sont perçues plus secondaires. Elles totalisent chacune moins dune citation sur cinq (respectivement 19% et 18%).Cest bien la réponse humaine qui semble aujourdhui devoir être privilégiée, par ladoption dune véritable politique de formation des soignants et laugmentation des moyens humains disponibles dans les maisons de retraite françaises.Or, la prise en charge de la dépendance et du grand âge est un secteur perçu de plus en plus attractif par les Français. Près de sept sur dix (68%) conseilleraient en effet à un proche ou à un enfant de sorienter vers un métier daide et de prise en charge des personnes âgées. Cest une augmentation de 6 points en deux ans. Un nouveau groupe social : les aidants La perception très négative de la maison de retraite alimente sans aucun doute la préférence des Français pour les solutions de maintien à domicile de la personne âgée2. Si cette alternative est le choix du coeur contre celui de la raison, elle pose cependant la question des conditions du maintien à domicile .
Des moyens disponibles pour un nouveau groupe social : les aidants.
Un groupe social estimé actuellement à 3 700 000 personnes et qui devrait croître mécaniquement sous les effets conjugués du vieillissement de la population et de la préférence des Français pour les solutions de maintien à domicile.Ainsi, les Français jugent-ils indispensable que les personnes qui soccupent quotidiennement ou très régulièrement dune personne âgée dépendante disposent dune aide financière (63%), dune formation pour savoir répondre à ses besoins (58%), de moments de répit grâce à lhébergement temporaire de la personne âgée en maison de retraite (57%) et dun statut légal de laidant (53%).Des conditions indispensables à réunir pour un maintien à domicile qui permette de conjuguer bien être de la personne âgée et de lutter contre lisolement et limpréparation des aidants naturels. (Source Les Français et le grand âge © TNS 20 mai 2009 )